DE LA LORRAINE A PARIS
Jack Lang est né à Mirecourt, dans les Vosges, la veille de l'entrée en
guerre contre l'Allemagne en 1939. Il doit son prénom anglo-saxon à Churchill,
qui déclare la guerre au régime nazi le jour de sa naissance. Il aurait pu
s'appeler Winston, comme le souhaitait son père, Roger, anglophile et fervent
républicain. Ce fut finalement Jack. Aîné d'une famille de cinq enfants, Jack
Lang recevra de ses parents une éducation laïque et républicaine. Sa mère,
Marie, était persuadée qu'avec son intelligence et sa sensibilité artistique, il
était promis à un brillant avenir. Très jeune, il prend des cours de piano et de
danse. Mais sa vraie passion, c'est le théâtre. Enfant, il écrit ses pièces et
met en scène ses frères et sœurs ou produit des spectacles de Guignol avec son
propre théâtre de marionnettes.
Un drame vient cependant perturber sa
jeunesse. En 1955, son père meurt d'un infarctus. Jack Lang et ses frères et
sœurs se retrouvent donc seuls avec leur mère. Celle-ci part ensuite en Afrique
refaire sa vie et confie ses enfants au grand-père, Albert, qui reprend, par la
même occasion, la direction de l'entreprise familiale de ferraillerie. Après son
baccalauréat, Jack Lang s'inscrit en droit, et fonde, dès 1958, avec celle qui
sera bientôt sa femme, Monique Buczynski, la troupe du Théâtre universitaire de
Nancy. Encouragé par le recteur de l'Académie, Paul Imbs, la troupe effectue une
tournée remarquée en 1962 et se produit dans plusieurs universités de France, de
Belgique, et d'Allemagne. Jack Lang profite de l'occasion pour annoncer à la
presse la création, en Lorraine, du Festival international du théâtre
universitaire. Grâce à l'essor des transports aériens de masse, des artistes de
tous les continents peuvent venir participer, en avril 1963, au premier Festival
de Nancy qui aura lieu désormais chaque année. De 1967 à 1969, alors que Jack
Lang prépare son agrégation de droit, le festival se transforme en tribune
politique pour les soixante-huitards. Celui de 1969, trop provocateur attise les
foudres des critiques et notables locaux. Le festival devient alors biennal et,
par conséquent, n'aura pas lieu en 1970, le temps de faire évoluer cette grande
manifestation.
LE FOU DE CHAILLOT
Remarqué par le ministre des affaires culturelles Jacques Duhamel, Jack Lang
se voit proposer en 1972 la direction du nouveau Théâtre National de Chaillot.
Il prévient tout de suite le ministre en affirmant qu'il " ne veut pas quitter
Nancy pour devenir le directeur d'une institution traditionnelle ". Le " fou de
Chaillot " comme le surnomme Le Nouvel Observateur, a de grandes ambitions pour
ce théâtre, trop grandes peut être, car les travaux coûteux et interminables
qu'il a commandés finissent par exaspérer le nouveau ministre des Affaires
culturelles de Valéry Giscard d'Estaing, Michel Guy. Cet ennemi de Jack Lang a
finalement décidé de le limoger en juillet 1974. L'ancien directeur de Chaillot
crie au scandale et bénéficie du soutien de nombreuses personnalités, dont Yves
Montand, Simone Signoret, Jean-Paul Sartre. C'est à partir de ce moment qu'a
lieu le rapprochement avec François Mitterrand. Le candidat malheureux à
l'élection présidentielle est présent lors de l'ultime soirée du 30 septembre
1974 où Jack Lang fait ses adieux à Chaillot.
LA RENCONTRE AVEC FRANCOIS MITTERRAND
Le Premier Secrétaire du Parti Socialiste assiste désormais régulièrement au
Festival de Nancy. Avec ses relations dans les milieux culturels, Jack Lang est
en mesure d'attirer auprès de François Mitterrand les artistes déçus du
communisme, troublés par le bilan stalinien et les exactions en Europe de l'Est.
L'ancien directeur de Chaillot fait désormais partie de la garde rapprochée du
Premier Secrétaire. En 1977, il est quatrième sur la liste socialiste aux
élections municipales dans le IIIème arrondissement de Paris. Dès son élection,
il fait des interventions remarquées au Conseil, notamment sur la conservation
du patrimoine de Paris. Après avoir été adhérent du Parti Radical, du PSA
et du PSU, le très mendésiste Jack Lang devient adhérent du Parti Socialiste en
1978. Le nouveau délégué à la culture commence ainsi sa carrière politique
auprès de François Mitterrand, et est un des plus fervents opposants à Michel
Rocard au sein du parti.
JACK LANG A LA CULTURE
C'est tout naturellement que Jack Lang devient ministre
de la Culture après le 10 mai 1981. Dès son arrivée rue de Valois,
le nouveau maître des lieux ne cache pas ses ambitions : " Enfin, le peuple de
France pourra-t-il bientôt emprunter les chemins de la culture " déclare-t-il à l'Assemblée Nationale lors
de la présentation de son budget. Pour parvenir à ses fins,
le nouveau ministre parvient à atteindre en cinq ans le fatidique 1% du
budget de l'Etat. Les moyens impressionnants mis à sa disposition lui permettent de mener
à bien de nombreux projets. D'abord, sa première bataille est celle du
prix unique du livre, qui permet de préserver la création littéraire. Ensuite, face à
l'impérialisme culturel américain qu'il dénonce dans son célèbre discours du 27 juillet
1982 à Mexico, Jack Lang s'attache à préserver le cinéma français
en promouvant le mécénat industriel et commercial. Certain que la culture doit être accessible
à tous, il crée la fête de la musique et favorise également
le développement culturel régional et l'émergence de nombreux domaines artistiques qui trouvaient autrefois porte close
rue de Valois. En 1989, Jack Lang est le
maître d'oeuvre du Bicentenaire de la Révolution Française.
LES ANNEES LANG A BLOIS
Quelques mois avant 1986, la plupart des sondages
annoncent une victoire de la droite. Jack Lang risque alors de ne plus exister
politiquement. En 1981, c'est un des rares ministres qui ne se présente pas aux
législatives. François Mitterrand lui conseille alors, en 1985, de conquérir un
fief électoral, ce qui permet, selon lui, quand les temps sont difficiles,
d'avoir un point de chute. Jack Lang est demandé par plus de quarante
départements ! Il n'arrive pas à se décider et laisse les instances nationales
du Parti Socialiste choisir à sa place. C'est finalement le Loir-et-Cher qui est
retenu. Le député sortant, François Mortelette, qui a conquis la première
circonscription dans l'élan de la vague rose en 1981 accepte de ne pas se
représenter. De même, Jeanny Lorgeoux, le jeune maire de Romorantin et ami
intime de Jean-Christophe Mitterrand, laisse la tête de liste au ministre de la
Culture.
Pendant quinze ans, Jack Lang anime la vie politique locale
en Loir-et-Cher. Elu maire de Blois en 1989, il transforme considérablement cette ville.
Durant ses deux mandatures, Blois se dote d'une université, d'un troisième pont, d'une
grande bibliothèque. A côté du château, entièrement rénové sous l'impulsion de Jack Lang,
la majorité socialiste crée une maison de la magie pour compléter
l'offre touristique à Blois. En outre, de grandes manifestations sont organisées. Le festival Ram-Dam organisé
dans la ZUP au début des années 1990 est un véritable succès. En
1992, Blois est en fête pour la visite exceptionnelle de la Reine Elizabeth
II.
Il faut noter que cette période de grande transformation s'est accompagnée d'une
politique fiscale modérée. En effet, grâce aux nombreuses subventions obtenues par Jack
Lang, une grande partie des investissements n'ont pas été à la charge des
Blésois.
UN PASSAGE REMARQUE A L'EDUCATION
NATIONALE
Malgré la briéveté de ses deux passages rue de grenelle, Jack
Lang a à son actif deux grandes réformes importantes. Tout d'abord, en 1993,
Jack Lang parvient à un accord avec les représentants de l'enseignement privé. Les
professeurs du public et du privé sont alors recrutés selon les
mêmes critères de compétence. En 2001, Jack Lang lance un plan pluri-annuel de recrutement
des professeurs pour faire face aux départs à la retraite qui s'annoncent
nombreux à cause du papy boom. Malheureusement, la droite est revenue sur cette
réforme.
JACK LANG DEPUIS 2002
Elu député de Boulogne-sur-mer en pleine vague bleue,
Jack Lang reste une personnalité incontournable de la scène politique nationale.
Il lance en 2004 son club "Inventons Demain" et entend bien jouer un
rôle important en 2007. Jack Lang a annoncé son intention de briguer
l'investiture socialiste pour l'élection présidentielle.
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